On m'avait dit que plus on avançait vers la fin de l'année scolaire, plus les jeunes devenaient terribles. Il faut avouer que c'est vrai. C'est la même chose qu'il y a un mois mais en pire. Les locaux sont régulièrement dégradés, vitres cassées remplacées par du contre plaqué, papiers peints qui tombe en lambeaux.
Hier, un début d'incendie a pris dans une couverture et le rideau arraché d'une la salle TV. Des coussins de canapé éventré, on ne voyait plus le sol recouvert de mousse synthétique.
En soirée, j'emmène 9 garçons jouer à la plage. J'aperçois une fumée très noire s'élever du centre. Je me rapproche, de grosses flammes sortent d'une chambre. Le temps que les pompiers arrivent et oeuvrent, toute une aile du bâtiment est dévastée. Nous avons attendu un bon moment dans la cour puis réorganiser les couchages.
Beaucoup disent que celui qui a fait le coup est le même que celui qui avait craché sur un éducateur et rayé sa voiture. Il avait été expulsé un temps mais est revenu plus déterminé. Il ne supporte plus ce lieu.
Même si son acte est répréhensible, je le comprends. La direction ne voit que l'aspect juridique mais en ce qui concerne l'éducatif rien n'est organisé et coordonné pour qu'ils passent un mercredi agréable. Les jeunes tournent en rond dans les couloirs, se battent, s'insultent. Je leur ai proposé plusieurs activités mais n'ont envie de rien.
Il n'y a qu'avec mon groupe des plus jeunes que je peux avoir un échange. Pour le soir, j'avais pris des livres de philo pour la jeunesse et ça les a intéressé que l'on discute sur la peur. Difficile de les concentrer plus d'un quart d'heure sans chahut mais il ne faut pas trop en demander.