Il existe une plaie universelle, un mal discret mais omniprésent qui, malgré ses airs insignifiants, constitue une source intarissable du malheur de l'humanité.
Cette plaie, c'est la mesquinerie. On néglige son importance parce qu'elle est petite et sans envergure mais elle exerce pourtant une nuisance continue érosive dont les méfaits sont considérables. Sa puissance nuisible est amplifiée par un fonctionnement particulièrement insidieux. Alors que certains peuvent nuire en toute bonne foi, simplement pour servir leur intérêt propre, le bénéfice net d'un acte de mesquinerie est tellement faible qu'il ne peut servir de justification.
Le mesquin n'est en outre jamais dupe de sa propre bassesse, il calcule petit pour ne pas dépasser le seuil de tolérance de son prochain. Il est parfaitement capable de percevoir la vile nature de ses actes et de ses paroles, il possède le sens commun nécessaire à ce jugement de valeur élémentaire. C'est par plaisir de nuire que la mesquinerie se développe, et c'est par un effort d'auto-persuasion, un entêtement forcené, qu'elle se justifie.
La victime de l'acte de mesquin se trouve quant à elle immédiatement désarmée. Elle ne peut répliquer avec trop de vigueur, au risque de passer pour une brute et elle souffre d'encaisser poliment l'inacceptable. Elle est alors souvent tentée d'utiliser les armes de l'ennemi et de se complaire à son tour dans la mesquinerie. Le mal étend alors son emprise purulente sur l'humanité.
L'identifier et la considérer comme l'acte minable qu'elle est avec un détachement moqueur constitue la meilleure défense contre la mesquinerie.