Bonjour ! Bonsoir ! Je vous apporte l’orgie. Je suis toute nue et je meurs de soif. Vous allez vivement me faire une tasse de thé et des rôties au miel. J’ai une faim de loup et j’ai si chaud ! Permettez-moi de me mettre à l’aise. Donnez-moi une fourrure remplie de poli pleins de mites, que je me couvre. Et d’abord embrassez-moi sur la bouche et ici et ici ici ici et là et partout. Faut-il que je vous aime pour être venue ainsi en savates, en voisine et toute nue vous dire bonjour et vous faire croire que vous m’aimez et voulez m’avoir contre vous, toute petite amante que je suis pour vous et maîtresse absolue de mes pensées pour vous, si tendre adorateur de mes charmes que vous paraissez être. Ne soyez si gêné, donnez-moi encore un beau baiser. Et encore mille autres. Allez, allez me faire du thé.
Et pendant ce temps je vais me couper le cor du petit doigt qui m’agace.
De qui est ce texte?….
Mes chats se sont posés la question de savoir ce qui définit leur identité de voisinage.
Dis-moi, Mouss’, qu’est-ce que c’est que l’identité de voisinage des chats ?
C’est d’abord notre territoire
Celui que j’ai marqué, peut-être ?
Exactement
C’est la langue aussi. Si nos miaulements sont différents, nous nous comprenons fort bien entre nous et nous nous faisons comprendre de nos maîtres.
Nos maîtres font partie de notre identité de voisinage ?
Les humains de façon générale, les croquettes et nos ronrons.
Tout ce qui fait notre bonheur, en somme
Exactement mon petit Caramel et pourtant c’est plus que çà.
Quoi encore ?
Les chats que nous voyons, que nous aimons, les jardins où nous nous promenons, le soleil où nous nous chauffons…
L’identité de voisinage des chats, c’est tout ce que nous aimons ensemble
finalement ?
Qu’ils soient roux, gris, noir, rayés, tous les chats sont gris dans le champ de notre identité de voisinage.
Pourquoi as-tu délimité ton territoire alors, c’est pour te le réserver ?
Non pour mieux le gérer.
Tu l’interdis aux étrangers ?
Comment veux-tu que je l’interdise ? J’en chasse les importuns.
Qui sont les importuns ?
Ceux qui m’importunent ou importunent nos chattes.
Qu’appelles-tu importuner nos chattes ?
Leur faire du gringue
Et ça te gênes ?
Oui, bien sûr si elles les écoutent trop.
Et tu les chasses ?
Oui. Il reste les autres. L’identité des chats du voisinage, c’est l’identité de ceux que nous avons acceptés.
Ils sont de voisinage à vie ?
Non, l’identité nationale n’a rien d’une traçabilité. Si l’un d’eux veut s’en aller, il s’en va.
Il prend une autre identité ?
Bien sûr, il ne peut pas profiter de nos avantages sans participer à nos efforts comportementaux.
Comme ceux qui vont porter leurs croquettes en Suisse ?
Ceux-là, même s’ils ont des papiers d’identité, ils n’ont que l’identité de leurs billets de banque.
Tu ne les aimes pas ?
Comme l’oiseau aime le coucou, le cocu l’amant de sa chatte, le volé le voleur…
Allons, viens. Allons-nous faire consoler par nos maîtres !
Tu crois qu’ils ne vont pas nous demander les raisons de notre identité ?
Bien sûr que non, puisqu’ils nous ont choisis.
Ils nous ont choisis, bien sûr, mais nous les avons acceptés et c’est ça qui est important.
"j'exhibai ma carte senior
sous les yeux goguenards des porcs
qui partirent d'un rire obsène
vers ma silhouette de sirène
je suis vieille et je vous encule
avec mon look de libellule
je suis vieille et je vais crever
un petit détail oublié
passez votre chemin bâtards
et filez vite au wagon bar
je fumerai ma cigarette
tranquillement dans les toilettes
partout c'est la prohibition
alcool à la télévision
papiers clopes manque de fric
et vieillir dans les lieux publics
partout c'est la prohibition
parole écrit fornication
foutre interdit à 60 ans
ou scandale et ricanement
les malades sont prohibés
on les jette dans les fossés
a moins qu'ils n'apportent du blé
de la thune aux plus fortunés
les vieux sont jetés aux orties
à l'asile aux château d'oublis
voici ce qui m'attend demain
si jamais je perds mon chemin
j'ai d'autres projets vous voyez
je vais baiser boire et fumer
je vais m'inventer d'autres cieux
toujours plus vastes et précieux
je suis vieille et je vous encule
avec mon look de libellule
je suis vieille sans foi ni loi
si je meurs ce sera de joie"
+++
“L’enfer c’est l’État
Le tyran public
Et toutes les soi-
-Disant républiques”
Brigitte Fontaine – Dura lex – 2009
BERNARD-HENRI LEVY Le touriste engagé
(Loin de tout apprécier chez Soral voici tout de même une pièce de choix )
Chaque fois qu'il sort un livre, il a droit à un publi-reportage dans Match, une interview dans Elle; à chaque élection, pour chaque conflit majeur, on l'invite à la télé pour tout nous expliquer. A force il me vient cette question jalouse : pourquoi lui, BHL ?
Quand un syndicaliste parle, on sait au nom de qui: les salariés réformistes, les cadres chrétiens... Quand un politique s'exprime, c'est au nom de son parti, mais BHL, il parle au nom de qui ? Des intellectuels ? Il y a quand même plus intellectuel. Des Français ? Mais BHL n'a-t-il pas fait du mépris de la France et du sionisme inconditionnel ses deux mamelles ?
BHL, le touriste engagé, toujours sur la route, sur la brèche... Pour que le malheur des autres le touche, faut d'abord que ce soit loin.
Ne comptez pas le voir à Toulouse ou du côté des licenciés de Moulinex, il a la commisération élitiste BHL, le beauf, il méprise: cet éternel facho collabo qui n'a même pas lu Heidegger. Injuste accusation venant de quelqu'un qui ne répugne pas à coucher avec les Allemands quand ce sont ceux de la Banque centrale, lui, le valet permanent de tous les pouvoirs économiques, doté d'un zèle infatigable lorsqu'il s'agit de passer les plats, sur l'Irak, la Yougoslavie, l'Afghanistan...
II est comme les femmes, BHL, pour lui la vérité, la morale, c'est celle du plus fort.()
Pourtant ce rentier aux bras maigres, doté du style emphatique et creux de celui qui jamais n'eut à gagner sa vie, se rêve depuis trente ans : Malraux, Sartre, Lowry, Gary, Hemingway (n'est-ce pas la signature des médiocres de vouloir toujours vivre la vie des autres ?) ; entre deux visites chez son coiffeur, pour maintenir le volume malgré l'alopécie, ce Samson de la plume écrit des articles et des livres. Son apport essentiel: l’idéologie français où il reprend la thèse d'Hanna Arendt, selon laquelle tous les peuples du monde (appelé "populace") seraient depuis toujours attirés par le fascisme, comme la petite bourgeoisie allemande des années 30. Belle occasion pour BHL de justifier cette "ontologisation" digne d'une étudiante en psycho deuxième année, son mépris (très peuple élu, très grand bourgeois) du peuple de France, au déni de toute réalité historique.
Du rentier menteur et méprisant BHL ou du peuple, grâce auquel aucun parti fasciste n'a jamais pu prendre le pouvoir en France, contrairement a l'Italie, l'Allemagne, l'Espagne (chaque fois grâce a l'appui de la moyenne et grande bourgeoisie) qui, d'après vous, est le plus facho des deux?
Oserais-je faire remarquer à BHL qu'étymologiquement, on ne peut pas être démocrate quand on a le mépris du peuple ?
Qu'importe, jonglant avec le faux concept de peuple totalitaire si utile aux grands seigneurs qui le chouchoutent, nul n'a écrit autant de mensonges énervés, d'âneries ampoulées que BHL sur les événements contemporains (pour la Bosnie, Ben Laden peut lui dire merci). C'est que lorsqu'il faut matraquer dans sens du maître, BHL ne fait pas dans la dentelle : ne nous a-t-il pas récemment assenés, chez le subversif Karl Zéro, que ne pas être inconditionnellement proaméricain, c'était s'inscrire dans une tradition fasciste ! Je connais quelques-uns de ses anciens copains tiers-mondistes que ça n'a pas du faire rigoler. C'est ça BHL: de gros moyens au service d'une grosse ambition pour un niveau très bas; comme philosophe, même Derrida n'en veut pas !
Pourtant à l'ancienneté, au réseau (l'essentiel de son travail est là), il a fini par s'imposer, en force; BHL l'escroc servile, le Philippe Sollers de la philosophie.
Tourisme, brushing et sponsors...
La seule grosse erreur qu'on lui connaît à ce jour, BHL, c'est d'avoir voulu faire un film (pour le reste, sa position lui permet de dire et d'écrire à peu près n'importe quoi). Pensez, là, sans la protection du réseau politico-médiatique et sans le jargonnage qui égare le simple, il nous a montré par le drame, l'image, l'émotion, l'intérieur de sa tête : tourisme révolutionnaire, littérature, alcool, boxe, femmes... un fatras de fantasmes d'ado hypokhâgneux 70 qui rêvait d'être un homme; une pitoyable farce exotico-érotique digne de Cœur Caraïbes sur M6, ne manquait plus dans le rôle titre que Vanessa Demouy...
En guise de Vanessa, ce fut Arielle Dombasle, la diva post-modern qui forme avec Bernard-Henri une si belle paire de têtes à tartes! (Mais n'a-t-on pas la femme qu'on mérite ?) Arielle Dombasle, quelle actrice! Qui a oublié sa prestation dans cet autre chef-d’œuvre: Les Fruits de la passion (Argos film 1981, à se procurer en cassette pour rire entre amis), où jouant à fond son rôle de sous-maîtresse d'un bordel de Macao années 30, elle se faisait prendre en levrette par un Klaus Kinsky en chaussettes! Comme c'était avant qu'elle ne soit entièrement refaite (Arielle doit disputer à Cher le titre "miss chirurgie esthétique" du plus grand nombre d'opérations faciales), à l'époque on filmait surtout son cul, pas trop sa tête... Sacré BHL, chez lui tout est contrefait, même sa femme !