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10 mars 2009 2 10 /03 /mars /2009 09:33

Hého les jeunes, vous m’entendez ? C’est à vous que je m’adresse. Vous avez une chance inouïe. Vous allez sans doute vivre une des époques trépidantes comme l’Histoire n’en procure pas une par génération. Des moments inoubliables de transition civilisationnelle vers une nouvelle époque, un nouveau monde. Tout peut tourner boudin comme tout peut sourire. Ça dépend aussi de vous. Et de votre capacité à briser ces damnés schémas mentaux, enracinés par notre éducation, qui nous paralysent. Explications…


Vous avez beau vous proclamer comme des révolutionnaires les plus jusqu’au-boutistes, brailler que les vieilles valeurs ont vécu leur temps, que vous vous n’en avez rien à battre, impossible de vous en défaire. Au dernier moment, les vieux carcans inconscients de votre éducation vous reviennent comme une montée d’ail, des réflexes incontrôlables à la Pavlov, des fils inextricables dans lesquels vous vous empêtrez. Regardez autour de vous, c’est tout le monde pareil. Exemples…


L’argent, d’abord, la valeur suprême de ce monde finissant. Ce que vous avez pu le maudire celui-là, le vouer aux gémonies. Pourtant, il nous colle à la peau. Que demandent nos braves partis de la “vraie gauche” en ces temps de prétendue pénurie ? Une réévaluation des bas-salaires pour relancer la consommation ! Sans argent, on ne peut rien obtenir, rien acheter, nous assène-t-on. Il faut “mieux répartir les richesses”, surenchérissez-vous, en confondant allègrement richesses et argent. Et les autres sournois, en face, d’en rajouter : il faut faire “des économies” (d’argent), l’argent manque, la dette…

En réalité, l’argent n’est pas rare du tout. Les patates, la viande, le pétrole, l’or peuvent être rares.


L’argent, lui, est une pure invention des humains. À l’origine, un simple moyen d’échange des biens et des services produits. On le traduisait alors en pièces, puis en billets. La rareté de l’argent était censée refléter la rareté des biens et des services que l’état des techniques permettait alors de se partager. Mais aujourd’hui ? Notre planète croule littéralement sous l’indigestion de “richesses” que nous avons fabriquées à la pelle. Et l’argent n’est plus qu’un jeu pour un clan d’oisifs repus. L’argent n’est rien d’autre que des jeux d’écritures sur du papier ou dans des ordinateurs.


L’argent n’est pas rare. Il n’est rendu rare que pour certains, généralement par ceux qui pensent se l’être approprié et qui se servent de cette fausse “rareté” pour dominer les premiers. Le jeu, toujours. Pourtant, paradoxalement, cet argent n’existe pas ! Si aujourd’hui, tous les riches du monde se précipitaient dans les paradis fiscaux pour en retirer leurs tas de fric, ils n’obtiendraient rien ! J’explique…


Quand vous mettez mille euros sur votre compte, la banque a le droit d’utiliser cette somme cinq fois. C’est-à-dire qu’elle va prêter cette somme une fois à quelqu’un qui, par ses dépenses ou ses placements, va le ré-injecter dans le circuit bancaire qui va le reprêter… Et ainsi de suite cinq fois ! Aujourd’hui, pour alimenter leur machine économique goinfresque, la valse des sous va jusqu’à neuf tours. Et jusqu’à une bonne trentaine dans les circuits les plus dingues (les subprimes, Madoff…)


L’illusion ne fonctionne que si la machine économique tourne à plein régime. Mais supposez que celle-ci cale, comme en ce moment, et que cinq gugusses viennent chacun réclamer vos mille euros de départ. Eh bien, les cinq zigs se foutent sur la gueule et la banque est en faillite ! Pareil pour les paradis fiscaux. Ça vous en bouche un coin, n’est-ce pas ?


La dictature mentale de l’argent, n’est pas le seul carcan dont nous devons nous défaire. Prenez le travail, cette foutue arnaque qu’est la valeur-travail. “Pas d’emplois, pas de sou”, nous serine-t-on, de droite comme de gauche, ou d’extrême-gauche. L’économie ne consisterait plus à produire des biens et des services utiles, mais à garantir des emplois ! Alors que les technologies nouvelles et la productivité permettraient évidemment de limiter les heures de travail et de soulager le monde d’une bonne partie du stress qui en résulte. Alors que, vous le savez bien, il y a des tas de choses qu’on peut maintenant s’échanger sans avoir d’argent : les logiciels libres, la musique, les films, les infos du web…

Évidemment, ceux d’en face ne manquent jamais de hurler à l’ “illégalité” ou à la “nocivité” de ces échanges économiques hors argent. Mais l’illégalité, la légalité, la “nocivité”, c’est souvent affaire de perspective. Quelle différence entre vous qui fauchez “illégalement” une paire de Nike qui croupissait dans un magasin et les marlous qui s’octroient “légalement” des millions et des millions en stock-options ou en parachutes dorées ? Qui est le plus nocif à la collectivité ?


Et la croissance. “Sans croissance, pas d’emplois, et sans emplois pas de pépettes.” Mais quelle croissance ? Pour produire quoi de plus ? Et pour quoi ? Nous avons déjà bousillé toutes nos ressources naturelles et nos conditions climatiques de vie.


Et la fameuse inéluctabilité du processus, “leur” processus. La mondialisation triomphante, la destruction de toute régulation sociale au nom de la modernité…


Non non, les petits jeunes, tout ça c’est des embrouilles ! Si vous n’arrivez pas à éradiquer ces billevesées de vos cerveaux, vous allez droit dans le mur. Regardez les banlieues. On a lobotomisé tous ces loupiots avec les valeurs/carcans qu’ils devaient respecter pour “réussir”. Ils se rendent bien compte que c’est des charres, qu’ils n’ont aucune chance de sortir de leur ghetto. Mais en même temps, au plus profond d’eux-mêmes, ils ne parviennent pas à se délivrer d’un insidieux sentiment de culpabilité. Voilà pourquoi ils détruisent leur propre univers, leurs cages d’escaliers, leurs écoles, leurs quartiers. Voilà pourquoi beaucoup méprisent leurs parents qui, souvent en toute innocence, du fond de leur chômage chronique, leur ont inculqué ces imbouffables salades.


Ne passons pas d’un extrême à l’autre. Bien sûr que nous n’allons pas supprimer l’argent, le travail, les efforts… Mais arrêtons de prendre pour argent comptant les sornettes avec lesquelles ces salauds nous tenaient en respect. Avant de leur voler dans les plumes et de les mettre hors d’état de nuire, commençons par nous débarrasser de nos propres carcans mentaux. Se réapproprier les “valeurs” perverties, les mettre sur le tapis en toute conscience revenue. Les réorganiser. Dédommager ceux qui se coltinent les boulots nécessaires, mais surtout permettre à tous de pouvoir vivre décemment, y compris les chanceux qui, par la force des choses, échappent aux corvées. Rendre à l’argent sa vraie fonction : un simple moyen d’échange.


Voilà la véritable mission, la “révolution”, que vous avez maintenant à mener, les jeunots. Nous, les plus chenus, nous allons prendre nos cannes et tenter de vous suivre. On va se marrer, vous allez voir…


Volé ICI  et sans complexe



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commentaires

B
<br /> <br /> Pas de doute : les esprits vont dans le même sens hier je pensais à l'argent et je me disais que c'était une belle chose dégueulasse, excuse moi le terme, car il a réussi à séparer les humains<br /> les uns des autres j'enrage Blandine<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Restons optimistes malgré tout...<br /> <br /> <br /> http://www.dailymotion.com/video/x1r4c9_exit_creation?start=1<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Un jour, peut être il n'y aura plus rien à acheter<br /> <br /> <br /> <br />
B
Je suis tombé sur votre site un peu par hasard mais j'ai décidé d'y camper quelques temps...Merci pour ce petit voyage... cordialement. Bernard 24ans
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M
<br /> Bonsoir Bernard!<br /> Bonne installation!<br /> <br /> <br />
S
Les mots mis ensemble portent un message qu'il faut savoir décoder sinon, on ne lit que le mot- clé argent,pipi, caca, poil, cul.Ce texte demande aux plus jeunes générations de ne plus se faire enrôler dans leurs choix de vie en focussant sur l'argent. Que ce ne sont que des rêves qui tiennent prisonnier d'une consommation effrénée nous éloignant de ce qu'est la vraie vie qui n'est pas d'entrer en compétition les uns les autres et de bouffer littéralement son prochain. Ce texte donne des exemples dans lesquels ma génération a été malheureusement prise sous le couvert d'une prétendue révolution qui nous serait profotable. Alors que ça en a égaré plus d'un!Penser d'abord à s'approprier sa propre vie sans détruire celle de l'autre ni lui nuire, et!!! partager, partager.Bonne idée, Marie Rêveuse de secouer un peu...
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M
<br /> Zut, j'avais fait une réponse à Bibi et ça s'est effacé. La barbe!<br /> Comme tu as bien répondu, inutile que je me re-fatigue. Il n'a pas dû bien comprendre...<br /> Je m'en vais dormir. A+<br /> <br /> Merci Snowflake!<br /> <br /> <br />
L
Pas de problème pour le "vol", Mes petits textes et moi, on est libres de droit ! Pouvez même signer à ma place, ça ne me soucie pas !
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M
<br />  Signer à votre place, je n'oserai tout de même pas!<br /> C'est vrai que moi aussi, je me fiche pas mal qu'on me prennent mes écrits. Après tout si on nous les prend, c'est plutôt flatteur non?<br /> Je ne l'avais pas dis: FELICITATIONS!<br /> <br /> <br />
M
cet article volé ou non, vaut le coup d'être lu et transmis !c'est drôle mais ce matin j'abordais d'une façon différente la même thématique ...
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M
<br /> J'ai lu ton article. Très bien aussi. Ce sont des questions que de plus en plus nous nous posons. Certes, on ne peut pas se défaire des habitudes aussi simplement<br /> qu'on le voudrait mais on peut tenter d'aller vers un moins pire.<br /> (...en étant réaliste, je sais bien que ça va péter, c'est juste une question d'échéance,... ben ouais!)<br /> <br /> <br />